La biodiversité en ligne de mire
Le Réseau agro-environnemental de Saillon (RAE) a vu le jour en 2014. Il s’agit du premier groupement de ce genre entièrement viticole en Suisse.
Initiée en 2010 cette démarche volontaire regroupe 28 vigneronnes et vignerons, tous guidés par un objectif de sauvegarde de la faune et la flore pour une meilleure représentation d’espèces vulnérables ou menacées.
Chacun d’entre eux s’engage sur une période de huit ans à effectuer diverses mesures comme l’enherbement spontané, la suppression partielle d’herbicide racinaire, la pose de haies ou la plantation de 270 arbres et arbustes qui serviront de niches.
Les exploitants travaillent 75 ha, soit environ 70 % de la surface agricole utile, dont 20 ha seront dédiés directement à la promotion de la biodiversité Tout ce périmètre viticole du coteau de Saillon présente des dispositions naturelles dont par exemple des affleurements rocheux, murs en pierres sèches, murgères, steppes, haies et autres buissons isolés qui offrent déjà de nombreux habitats pour la faune et la flore. Afin de préserver et d’améliorer encore cette richesse le RAE de Saillon entend mettre en œuvre plusieurs mesures pour favoriser davantage cette biodiversité dont les effets seront suivis par un biologiste.
Dès les premières discussions, de nombreux passionnés s’inscrivent dans cette démarche et contribuent au dynamisme du mouvement. Plusieurs vignerons se trouvaient déjà en contact avec Jean-Marc Pillet, le biologiste disparu, puis ont pu se tourner vers l’ornithologue Antoine Sierro dans le cas de ce projet mené par le bureau d’études environnementales BTEE. En 2013, ceux-ci ont procédé à l’inventaire de la richesse faunistique et floristique afin d’évaluer le potentiel écologique et la faisabilité du projet et définir ainsi une zone adéquate. Ils ont ensuite dressé une liste des espèces prioritaires et caractéristiques selon leur présence, leur degré de rareté et le risque de disparition.
Au final, cinq espèces d’oiseaux, huit d’insectes, deux reptiles et six plantes s’inscrivent en ce projet :
OISEAUX
Alouette lulu, (Lullula arborea) espèce vulnérable
Bruant fou, (Emberiza cia) non menacé

Bruant zizi, (Emberiza cirlus) potentiellement menacé

Huppe fasciée, (Upupa epops) vulnérable

Linotte mélodieuse(Carduelis cannabina) potentiellement menacé

PAPILLONS
Grand Apollon, (Parnassius apollo) menacé

Azuré du baguenaudier(Iolana iolas), danger d’extinction

Flambé, (Iphiclides podalirius) très menacé

Grisette, (Carcharodus alceae) danger d’extinction

Petit nacré(Issoria lathonia) non menacé

AUTRES INSECTES
Criquet italien, (Calliptamus italicus) vulnérable

Decticelle chagrinée, (Platycleis albopunctata) potentiellement menacé

Oedipode à ailes rouges (Oedipoda germanica) vulnérable
REPTILES
Coronelle lisse, (Coronella austriaca austriaca) vulnérable
Lézard vert (Lacerta bilineata) vulnérable

PLANTES
Bardanette racémeuse(Tragusracemosus), vulnérable

Bugrane naine, (Ononis pusilla) potentiellement menacée

Caucalis à fruits larges, (Caucalisplatycarpos) vulnérable

Gesse tubéreuse, (Lathyrus tuberosus) vulnérable

Népéta chataire, (Nepeta cataria)

Pavot argemone, (Papaver argemone) vulnérable

LE RAE de Saillon regroupe ces 28 exploitants volontaires, un représentant du Service de l’agriculture, un délégué de la commune et un expert qui se réuniront deux fois par année pour suivre le projet. Au terme des huit ans, au minimum 80% des objectifs devront avoir été réalisés.» Une nouvelle période de huit ans pourra alors être planifiée, avec de nouveaux objectifs
Vous savez, affirme Angelin Thétaz, président du groupement il n’y a pas besoin d’être écologiste pour se sentir proche de la nature. Il y a quelques années, ceux qui travaillaient en production intégrée étaient pris pour des illuminés. Aujourd’hui tout le monde le fait, et au-delà des avantages évidents pour notre santé, je pense que financièrement c’est plus intéressant de vérifier la santé de sa vigne à la loupe, que de multiplier les traitements.»
Le RAE de Saillon a également conclu un jumelage avec son homologue d’Entremont créé en fin d’année passée. Cet accord apporte une complémentarité intéressante poursuit le président. Je l’envisage comme un échange de bons procédés et d’idées entre les deux régions, en toute amitié. Je peux en parler puisque je suis originaire d’Orsières et que j’ai toujours habité Saillon” Nous sommes complémentaires: la raclette et le vin, c’est parfait,. Surtout, nous allons dans la même direction, on lutte ensemble pour améliorer le biotope et valoriser nos produits en étant proches de la nature.»
Diverses actions sont d’ores et déjà envisagées, comme la tenue d’un stand commun lors de la Fête du fromage, à Bagnes, et des Fêtes médiévales, à Saillon. Sans oublier la raclette AOP arrosée au fendant AOC destinée à sceller le jumelage des Réseaux agro-environnementaux d’Entremont et de Saillon.
Chacun des réseaux possède des spécificités propres. Différentes mais en totale interaction ; la montagne et la plaine; le fromage, les salaisons et les herbes aromatiques en Entremont, les produits de la vigne à Saillon etc.
Les actions du RAE de Saillon vont déjà bon train. L’automne passé ils ont effectué les plantations d’arbres, ce printemps ils s’attaqueront au nettoyage de bosquets, herbes sèches etc. puis dans la foulée envisagent de créer des panneaux explicatifs déposés çà et là sur les circuits de randonnées pédestres de Saillon afin d’expliquer leur démarche ainsi qu’une d’application pour Smartphones. Dans leur collimateur on trouve la création d’une bouteille commune histoire de sceller cet engagement.
À l’heure d’une raréfaction, voire même disparition, de certaines espèces on ne peut que saluer cette initiative éco environnementale…
Carole Coupy
Charte du RAE