Gustave Courbet

23 juillet 1873, un homme franchit clandestinement la frontière franco-suisse. On lui reproche la destruction de la fameuse colonne Vendôme, symbole bonapartiste par excellence. On va le condamner à cinq ans de prison ou trente ans d'exil s'il ne paie pas les frais de reconstruction.

Tout doit se passer dans le secret absolu. Il évoque dans une lettre écrite à son meilleur ami, une future cure thermale à Vichy...

Malheureux, ruiné, malade dans son âme, il est arrivé en Suisse sans savoir où il s'installerait (comme le prétendent certains). On le vit à Fleurier, dans le Val de Travers, à Neuchâtel, à Lausanne puis... plus aucune trace. Tout avait été si bien orchestré que l'on se demande encore aujourd'hui où s'est caché le maître d'Ornans pendant cet été de 1873.

Un botaniste va nous aider à résoudre cette énigme historique. Il écrit en ces termes dans son carnet de l'époque: «...Un soir; fatigué d'une longue herborisation, je trouvai un accueil cordial dans l'idyllique moulin de Saillon-les-Bains. Ce dernier avait été transformé en hôtellerie quelques semaines auparavant, et le célèbre peintre français Courbet, exilé de sa patrie, en était le premier client. Il y passa tout le reste de l'été presque seul...».

Gustave Courbet, génie du réalisme, peintre de la nature, des animaux traqués par les chasseurs qui n'a jamais appartenu à aucune école, à aucune église, à aucune institution, à aucune académie, surtout à aucun régime, si ce n'est le régime de la liberté s'est réfugié à Saillon, proche de la Salentze et des sources thermales qui lui rappellent la Loue, la rivière qu'il aimait tant...

Trois personnages très puissants de l'époque ne sont peut-être pas étrangers à la venue de l'artiste français: Maurice Barman de Saillon, ancien conseiller d'Etat et conseiller national, son frère Joseph- Hyacinthe Barman, ancien ministre de la Confédération à Paris, ami de Lamartine et de Thiers et enfin Joseph Fama, directeur du Grand Casino de Saxon-les-Bains. Courbet y retrouve la force de peindre. Il participe en mai 1874, à une exposition de la Société suisse des Beaux-Arts à Lausanne avec trois oeuvres: Les Trois Truites de la Loue, Le Château de Chillon et La Caverne des Géants de Saillon.

Dans le quotidien Le Rappel du 29 juillet 1875 figurait cette information: Parmi les artistes français qui ont voulu participer aux souscriptions ouvertes à Genève en faveur des inondés du Midi de la France, on cite M. Courbet qui a envoyé un superbe tableau représentant la Grotte des Géants de Saillon. Aujourd'hui, cette toile est exposée au Musée de Picardie d'Amiens.

Aucun souvenir non plus de ce lieu-dit ... et pourtant, après 125 ans de repos paisible, la magie va s'opérer... Empruntez donc le «Passage proche du Musée de la fausse monnaie, au centre du bourg médiéval. Vous y découvrirez peut-être, à l'ombre d'un rosier, une belle dame... un chien noir, un renard blessé ou un peintre à jamais exilé... Bonjour Monsieur Courbet... Bienvenue chez vous...

   Claudy Raymond

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Courbet_autoportrait